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2013-04-04

Ecrire et Publier grâce aux Tablettes tactiles en Grande Section Maternelle



Compte rendu d'une expérimentation réalisée par deux classes de Grande Section de l’École Maternelle A Camus à Talence par Véronique Ribéra et Philippe Guillem 2012/2013
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        Le projet consistait à mettre en place parallèlement dans les deux classes des situations d'écritures motivantes pour les élèves et  leur permettre d'être le plus autonome possible dans la production et la diffusion de ces documents. 


        Les propositions pédagogiques de départ communes aux deux classes étaient les suivantes :

·         Écrire pour informer les parents sur la vie de la classe. Cette situation déjà éprouvée a montré la motivation des élèves à écrire pour des gens qui leur sont proches et qui sont en demande d'information sur la classe.

·         Écrire pour mettre en place une interaction qui nourrit le travail d'écriture au fur et à mesure du projet. ( retours, commentaires encouragements à écrire...)

        Les enseignants ont choisi d'utiliser dans ce projet des outils numériques car il leur a semblé que ; les tablettes tactiles pouvaient faciliter l'autonomie dans la réalisation des documents et que la diffusion sur internet grâce au blog et aux espaces de stockage
 en ligne permettaient un partage facilité ainsi que la possibilité de l'interactivité.

        Sur ces bases deux projets ont vu le jour utilisant des moyens différents.

1.      Véronique Ribéra a choisi d'utiliser une tablette tactile « Acer » sous Android et l'application SCRAP pour l' élaboration des documents numériques et le blog avec commentaires ouverts aux parents (et bien sur modérés) comme moyens de partage.

2.      Philippe Guillem a choisi d'utiliser une tablette « Ipad » et l'application Book Creator pour élaborer des « Livres numériques » qui  puissent être partagés en ligne dans un espace de stockage « DROPBOX » Le compte twitter de la classe permettant d'assurer la diffusion au parents ainsique  les retours .

Le poster réalisé pour la présentation du projet au Forum des Enseignants Innovants de Nantes 2013 à l'initiative du Café Pédagogique 



Spécificités du projet Tablette Android / Blog de Véronique Ribéra


Les textes sont saisis sur la tablette avec l’application Scrap !, dans laquelle les photos peuvent être importées. Cette application permet de choisir la disposition des différents blocs et une mise en page colorée. La prise en main de l’application est très simple pour les élèves qui sont vite autonomes. La page est ensuite exportée sur le blog de la classe au format image.

Le blog a été ouvert grâce à la plate-forme académique qui sécurise les contenus (pas de publicités) et en simplifie la gestion pour l’enseignant.


Les parents ont été invités lors de la réunion de début d’année, à échanger avec la classe en posant des questions lorsque le contenu des messages n’était pas clair, à réagir aux informations mises à leur disposition sur le blog. Ces échanges amènent les élèves à se poser des questions sur la façon dont leur message va être reçu et à prendre en compte les récepteurs.

Le choix des sujets est débattu en classe, puis voté. Une sorte de carte mentale permet de cerner les informations à insérer dans le texte, puis celui-ci est dicté à l’adulte. Le blog demande un titre à chaque message, il faut donc synthétiser le contenu du message. Par la suite, le blog est projeté sur le tableau de la classe à l’aide d’un vidéo-projecteur et les commentaires éventuels sont lus. Le contenu du commentaire et la nécessité d’une réponse à apporter sont interrogés. Les élèves parviennent, par le débat, à entrer dans cette problématique.

Spécificités du projet Tablette IOS / Stockage en ligne de Philippe Guillem

La problématique de départ était donc d'améliorer la communication entre l'école, les parents et les élèves. J'utilise déjà depuis plusieurs années un compte Twitter sur lequel les élèves publient des informations choisies sur les activités de la classe, mais le format twitter , très intéressant pour la production d'écrits par les élèves ainsi que pour le travail sur l'initiation aux réseaux sociaux reste cependant circonscrit à la création d'un texte « brut ». L'utilisation d'une tablette tactile pour faire produire aux élèves , de façon quasiment autonome, des documents plus complexes tels que les livres numériques à ouvert le champ de nouvelles pratiques pédagogiques. 

  

La création de ces livres numériques par les élèves a l'immense intérêt de susciter l'adhésion des élèves aux projets proposés.

Les enfants sont un peu plus intéressés par le fait d'écrire, mais pas tant que cela ; ce qui me paraît important c'est que l'écrit prend véritablement prend plus de sens pour eux car ils sont installés dans une véritable pratique. Les élèves sont à même de penser de l'écrit de le formaliser ce qui est prépondérant dans l'apprentissage de la lecture. Les parents qui se manifestent sur le réseau et qui encouragent les travaux de la classe sont un facteur de motivation important pour les élèves (et pour l'enseignant). Il reste encore des représentations à transformer, des habitudes à changer pour amener plus de parents dans les mondes numériques de l'éducation. Cela viendra.

Actuellement deux types de projets sont menés dans la classe.

  • Les écrits de mémoires : garder des traces, et pouvoir présenter des productions éphémères  telles que celles réalisées au moment de l'accueil avec des jeux de construction, de l'argile ou lors des fabrication d'objets en trois dimensions... Dans ces activités les élèves prennent des photos de leur réalisation , les intègrent sur une page de livre et ajoutent leur prénom ; ils sont totalement autonomes dans cette activité.
  •  Les « reportages » sur certains moments de classe : Comment avons nous décoré la classe pour Noël, comment avons nous fait pour réaliser une couronne des roi... Dans ce cas le la structure du document (chronologie, choix des illustrations...) est discutée en classe et les textes sont élaborés par les élèves sous dictée à l'adulte.

    Le compte "dropbox" de la classe héberge ces travaux, à cette adresse
    https://www.dropbox.com/sh/bxrgbpx76zifh6i/qatf9pY731
Commentaires des parents sur le compte twitter de la classe :


Les stratégies pédagogiques n'ont pas réellement été modifiées par l'utilisation des tablettes puisque la dictée à l'adulte n'est pas une pratique récente, elle est tirée des processus pédagogiques inspirés des pédagogies actives héritées elles mêmes des travaux de Celestin Freinet au début du 20eme. L'idée est avant tout de partir des idées, des productions et du désir des élèves, pour les accompagner dans leurs projet et y intégrer des apprentissages.
Une pensée pédagogique préexistante utilise simplement de nouveaux outils. Twitter ou les tablettes ne sont que la déclinaison actuelle de l'atelier d'imprimerie de Freinet.

Certaines résistances sont venues particulièrement de l’accès au matériel, tablette et accès au réseau en classe mais c'est un élément contextuel, ce n'est pas le cas partout. Le réseau en maternelle n'est pas encore une évidence pour tous.

Du côté de l'institution, ces activités sont accueillies et soutenues avec bienveillance mais aussi avec une certaines prudence quant à la sortie du cadre expérimental.

L'an dernier la tablette était utilisée comme cahier de vie numérique qui allait dans les familles, cette année les élèves l'utilisent de façon autonome pour produire des documents numériques.
Je viens d'essayer récemment la plate forme « Storify » pour compiler les messages twitts écrits par les élèves sur un thème particulier et les faire partager plus facilement avec les parents et de façon plus structurée. Cela a aussi pour conséquence la mise en place de nouvelles situations d'écriture en classe.

Des perspectives :

Elles dépendront des pratiques émergentes sur le réseau et de l'évolution du matériel ainsi que de la volonté des parents d'utiliser le web 2,0 pour entrer en relation avec l'école. Elles dépendront aussi des éléments imprévisibles qui feront qu'un projet particulier pourra voir le jour.

Un concours de twitt lors de la semaine digitale à bordeaux (Festival de Twittérature) a débouché sur un projet inédit. http://fragmentsdeclasse.blogspot.fr/2013/03/un-calli-twitt-vous-avez-dit-twitteraure.html
Difficilement prévisible mais tellement riche pédagogiquement.





Tableau synthétique comparatif des deux projets.

Enseignants
  
Véronique Ribéra

Philippe Guillem

Élèves

20 élèves de Grande Section

20 élèves de Grande Section
Matériel

Tablette Acer sous Android

Ipad sous IOS
Logiciel

Scrap (version gratuite)

Book Creator 
Diffusion

Blog institutionnel

Dropbox de la classe

Type de document

Article

Livre numérique
Format du Document

Image .jpg

.epub et .pdf
Technique d'écriture

Dictée à l'adulte.

Dictée à l'adulte.
Documents multimédia

Photos.

Photos.
Interaction

Commentaires sur le blog.

Compte twitter de la classe.
Spécificités

Diffusion sur un site institutionnel.

Diffusion sur site non institutionnel car pas d'équivalent institutionnel
Licence Creative Commons
Ce(tte) œuvre est mise à disposition selon les termes de la Licence Creative Commons Attribution - Pas d’Utilisation Commerciale - Partage dans les Mêmes Conditions 4.0 International.

2012-08-31

Cas de contagion numérique en classe de Moyenne et Grande section.

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Quand l'application Book Creator rend la tablette contagieuse !
Essais d'analyses ...




Compte rendu de pratique :

J'ai eu il y a quelques temps l'occasion d'assister à un atelier utilisant une tablette tactile en Grande Section à l'école Flornoy à Bordeaux dans la classe de ma collègue Carole Lopez. http://www.ludovia.com/news-1489.html
J'ai été surpris de voir comment ces élèves de Grande Section pouvaient produire en totale autonomie des documents numériques. En l’occurrence il s'agissait de créer les pages d'un imagier. Utilisant l'application Book Creator pour tablette "Ipad" il pouvaient seuls :
  • Écrire un mot
  • Placer ce mot où bon leur semblait sur la page
  • Prendre une photo d'un objet correspondant au mot.
  • Récupérer la photo dans les fichiers images
  • Positionner la photo sur la page près du mot.
  • Enregistrer leur voix disant ce mot.
  • Positionner sur la page un bouton déclenchant la lecture du fichier son.
Une suite complexe d'actions visiblement maîtrisées par tous les élèves.  L'atelier était aussi l'occasion pour les élèves de s'entre-aider à travers de nombreux échanges.

Autonomie, entre-aide, auto-apprentissage les outils numériques semblent favoriser ces comportements. Afin d'observer les possibilités d'auto-apprentissage de la tablette et en m'inspirant de cette séquence, j'ai proposé à un groupe de 10 élèves de Moyenne section de créer un document numérique de présentation.
Ces élèves devaient chacun : Écrire leur prénom ; prendre une photo de leur visage et la coller sur le document près du prénom ; enregistrer leur prénom et disposer le bouton sur la photo. Le protocole proposé était très voisin et tout aussi complexe que celui proposé par Carole Lopez pour la fabrication de l'imagier.
J'ai accompagné pas à pas 4 élèves dans la création du document, sous les yeux du reste du groupe.  J'ai ensuite laissé la tablette à disposition du groupe en demandant que chacun construise sa propre présentation. A la fin de la journée, le document était terminé sans que j'ai eu à intervenir.


Adrien (Moyenne Section)
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Le lendemain sans nouvelle consigne, les élèves de Grande Section avaient eux aussi tous réalisé leur propre présentation.

Commentaires :
La première surprise fut de voir avec quelle rapidité ces jeunes élèves ont appris le protocole permettant de créer une présentation. Après seulement 4 « créations accompagnées » et observées, le groupe a été capable d'apprendre à chacun à réaliser sa présentation.
La première analyse fut de penser que le groupe avait porté les élèves lors de la création du document. Par acquis de conscience j'ai donc après le week-end procédé à une petite vérification.
J'ai demandé à chaque élève de Moyenne Section, individuellement de refaire une présentation. 9 élèves sur 10 ont réussi sans aucune aide extérieure. Lors de cette passation j'ai pu observer que les élèves ne respectaient pas forcement l'ordre des actions que j'avais proposé au départ. Chacun avait donc vraisemblablement parfaitement compris la complexité de la tache; créer 3 objets numériques différents (Écrit, Image, Son) et les assembler sur une même surface. Ils aussi ont bien perçu que l'ordre de création n'avait dans ce cas pas d'importance pour arriver au résultat attendu.
Pourquoi et comment des apprentissages aussi complexes, des procédures aussi longues, peuvent ils se mettre en place si rapidement et surtout avec une telle efficacité ?

Le second constat surprenant fut l'investissement dans cette réalisation par les élèves de la Grande Section.
Pendant la dernière semaine de l'année scolaire les activités traditionnelles sont certes un peu délaissées et les élèves ont une plus grande latitude pour choisir librement leurs activités. Les Grands ont été demandeurs de cette activité, qui au départ ne leur était pas particulièrement destinée. La tablette est pourtant un objet connu dans la classe. Elle a été utilisée, elle a circulé dans les familles comme Cahier de Vie de Classe.

Est-ce l'objet, est-ce l'activité de création du document , ou bien est-ce le fait que les « Moyens » maîtrisent cette procédure, qui a motivé l'investissement des élèves de Grande Section dans cette activité ?


Tentatives d'analyses
Si ces élèves font l'effort d'apprendre, de s'approprier, les procédures complexes proposées lors de cette activité, c'est assurément qu'ils ont une « bonne raison » de le faire.
Les élèves savent bien que cette tablette et les TICE en général sont des sujets qui me tiennent particulièrement à cœur et donc qu'en s'y intéressant ils attireraient particulièrement mon attention. Cela ne suffit cependant pas à expliquer pourquoi cette activité à pris une telle ampleur. Elle a simplement été initiée pour les élèves de moyenne section, quant aux « Grands » ils s'en sont emparés sans y être véritablement conviés! 
Ce n'est pas non plus à cause l’intérêt suscité par la nouveauté de l'objet car une tablette tactile est présente en classe depuis le début de l'année et a servi de Cahier de Vie de Classe Numérique. C'est un objet qu'ils connaissent bien. Ce n'est pas non plus grâce au sens que cette activité prend dans la classe car elle ne s'inscrit dans aucun autre projet.

A défaut de faire appel au sens, cette activité semble convoquer « les Sens. » Sur la tablette tactile, l'action et la trace passent par le toucher, la photo convoque les perceptions visuelles, (reconnaissance , cadrage...), l'enregistreur sonore, l'audition. Ce travail semble donc véritablement ancré dans la sensorialité et les perceptions.

Au sujet des sens, Michel Serres pourrait quelque peu orienter notre réflexion. Dans Les Cinq Sens (1), il nous présente la peau comme l'organe des sens fondamental.
« La sensibilité, alerte ouverte à tous les messages tient la peau mieux que l'œil, la bouche ou l'oreille… la peau, variable fondamentale, sensorium commune ; sens commun à tous les sens , faisant pont, lien, passage entre eux... ».
Les sensations tactiles revêtent donc de ce fait une importance toute particulière. L'organe du toucher, la peau formerait une sorte de toile de fond supportant les autres sens, les reliant.
Peut être est ce donc du coté du tactile et de la peau qu'il nous faudra chercher la cause de l'intérêt suscité par l'activité proposée.
Les travaux de Didier Anzieu et sa théorisation du « Moi Peau » pourraient nous apporter de nouveaux éclairages. Il définit le « Moi Peau » (2) en expliquant que “la première différenciation du moi au sein de l’appareil psychique s’étaye sur les sensations de la peau et consiste en une figuration symbolique de celle-ci. C’est ce que je propose d’appeler le Moi-peau” écrit il.
Peut être est ce une part de cette relation symbolique profonde entre le moi et la peau que les enfants retrouvent lors de l'utilisation de la tablette. L'analogie entre l'écran tactile et la peau est relativement facile à établir. Ne serait-ce que sur le plan de la structure. La structure physique en couche de l'écran de la tablette est à rapprocher de la structure biologique en couches de la peau mais les similitudes vont beaucoup plus loin.
Pour Didier Anzieu, la peau est une « surface qui relie entre elles les sensations de différentes natures et les fait ressortir comme figures du fond tactile. C'est la fonction d'inter-sensorialité qui aboutit à la constitution d'un « sens commun » dont la référence de base se fait toujours au toucher.(1 p 127).
Tout comme Michel Serres plus haut, Anzieu propose de considérer la peau comme un organe fondamental support des autres sens. Le sens commun pour Anzieu aussi est donc basé sur les liens tissés entre les différents sens. Il est à remarquer que dans l'activité proposée à ces jeunes élèves, l'image, le son, le texte figurant l'identité du sujet, sont posés, inscrits regroupés, par le toucher l'écran. Cette surface permet visiblement de faire le lien entre ces différents éléments.

Si l'on veut poursuivre l'analogie plus avant, et questionner la nature de ces liens, retrouvons le texte d'Anzieu. La première fonction de la peau est une fonction contenante. « De même que la peau enveloppe tout le corps, le Moi-peau vise à envelopper tout l'appareil psychique.... Le Moi-peau est alors figuré comme écorce, le Ça pulsionnel comme noyau. » (1 p124). Il rappelle aussi qu'à la carence de la fonction d'inter-sensorialité répondent des angoisse de morcellement et de démantèlement.
Anzieu propose donc de considérer la surface (peau) comme une enveloppe, un contenant. Notre proposition d'activité sur la tablette, même si cela n'était pas véritablement pensé au départ, propose aussi implicitement cette dimension contenante. Ce travail de présentation de soi, de regroupement de trois éléments caractérisant l'identité (nom, photo, voix) sur l'écran de la tablette renforcerait peut être l'idée rassurante d'une cohésion de soi. La surface de l'écran de simple support se transformerait alors symboliquement en enveloppe rassurante, à la fois lieu, marqueur et témoin de la cohésion de soi. L'enfant étant l'acteur de cette mise en forme, peut être est-ce pour cela que la tablette suscite à ce point l’adhésion des enfants à l'activité. 
 
Pour poursuivre l'analogie Écran / Peau, il semble aussi important de considérer la peau comme un organe de communication et donc sa dimension sociale. Il y a assurément, une composante liée au groupe dans la réalisation de ce travail.
La encore, Didier Anzieu nous apporte des pistes de réflexion. « La peau avec les organes des sens tactiles qu'elle contient (…) fournit des informations directes sur le monde extérieur,... » En même temps que la bouche ou, du moins, autant qu’elle la peau est un lieu et un moyen majeur de communication avec les autres, permettant d’établir des relations significatives. De plus, « c’est une surface d’inscription des traces laissées par celles-ci. Le « Moi Peau » remplit une fonction d'inscription de traces sensorielles tactiles. Cette fonction développe un double appui biologique et social. (1 p128).
Quand Anzieu fait référence à la bouche on peut y voir bien sûr une référence à la communication langagière mais peut être aussi une allusion à l'ingestion. Il met en évidence un mouvement du dehors vers le dedans dans lequel la peau permet d'intégrer, des informations du monde extérieur. La tablette est dotée de capteurs photo-numérique, sonore, qui dans l'activité présentée, lui permettent d'intégrer des information de l’extérieur. Mais elle peut aller bien au-delà. Même si ce n'est pas mis en œuvre dans ce cas, la tablette est aussi dotée d'une multitude d'autres capteurs. Elle est capable de détecter des mouvements, de se localiser géographiquement, de détecter des variations de température, de champs magnétique, et même de radioactivité grâce à l'analyse des interférences sur le capteur vidéo. À l'image de la peau la tablette a la capacité d'intégrer un grands nombre d'informations venues de l’extérieur, informations qui complètent ou parfois amplifient celles de la peau et permettent d'étendre le champ des perceptions.
La tablette garde aussi la trace du travail élaboré en commun. Les élèves ont effectivement dû collaborer pour réussir à mettre en forme leur petite présentation. Seuls quatre élèves au départ ont été accompagné par un adulte dans la création de leur présentation. Sur la tablette sont effectivement inscrits les trois éléments qui constituent la présentation, mais ces éléments sont aussi autant de traces des relations qui ont permis la « réussite ». Relations de transmission, d'écoute, d'acceptation de la parole de l'autre mais aussi certainement d'opposition, de conflits et donc certainement aussi de médiation. La tablette garde aussi la trace de cette inscription dans ce groupe, auquel chaque élève avait visiblement très envie d'appartenir.

Quelques conclusions :
L'effet de contagion constatée lors de cette activité, produit une certaine excitation chez l'enseignant qui constate cela. Les enfants apprennent tout seuls, plus rapidement et bien plus que ce qu'il était raisonnable d'attendre d'eux. Si cet article tente de proposer un début d'explication du pourquoi de l'attrait des jeunes enfants pour la tablette tactile, il ouvre aussi un grand chantier.
  • Comment nous enseignants pourront nous nous saisir de cet engouement, de cette motivation déclenchée par l'outil, pour l'utiliser à des fins d’apprentissages ?
  • Comment pourront nous intégrer ces outils à notre pédagogie ?
La question « Devons nous le faire ? » étant résolument derrière nous !
Ces essais et réflexions sur l'utilisation de la tablette, avec l'éclairage de la théorie de Didier Anzieu sur le « Moi Peau » nous engagent à réfléchir la possibilité d'une nouvelle  enveloppe; "une enveloppe numérique". Certainement un élément supplémentaire, s'il en fallait, pour considérer qui nous faut à l'avenir penser la construction de l'identité numérique de ces jeunes élèves.

Références
  1. Serres Michel Les Cinq Sens Grasset (1985 ré-edition 1990)
  1. Anzieu Didier Le Moi Peau Psychismes Dunod (1985 ré-edition 2006)
  1. René Kaës « Du Moi-peau aux enveloppes psychiques. Genèse et développement d'un concept », Le Carnet PSY 4/2007 (n° 117), p. 33-39. URL : www.cairn.info/revue-le-carnet-psy-2007-4-page-33.htm. DOI : 10.3917/lcp.117.0033.


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2011-12-23

Tablette Tactile : Un Cahier de Vie Numérique à l'école maternelle


Un Cahier de Vie Numérique à l'école maternelle


L'utilisation du cahier de vie de classe papier est une pratique très courante à l'école maternelle. Ce cahier «papier» permet avant tout de constituer une base de données des activités de la classe. La classe y consigne, des recherches , des compte-rendus de visites, des témoignages des activités collectives et de la « vie » de la classe. Consultable par les élèves eux -même, c'est un outil de référence dans la classe.
Il offre aussi la possibilité, pour les élèves qui l'emportent chez eux, de partager avec leur famille, en toute autonomie, une partie de ce qu'ils vivent en classe. Il est généralement consulté deux à trois fois dans l'année avec les parents en fonction du nombre d'élèves de la classe.

Parler de la classe à ses parents n'est pas une chose aisée pour de nombreux élèves. J'en veux pour preuve le nombre de parents qui nous sollicitent pour savoir ce qu'il se passe dans la classe. « Mon enfant ne me raconte pas ce qu'il fait dans la classe », « Il me dit qu'il ne fait rien en classe, qu'il ne se souvient pas... » sont des remarques récurrentes.
Pour parler de ce qu'il se passe dans la classe l'enfant est confronté à des choix difficiles chargés des émotions vécues en classe. Qu'est ce qui est important pour lui ? pour ses parents ? Qu'est ce qu'il peut dire ? Doit dire? Il doit puiser dans l' intimité de la classe pour faire ces choix mais aussi dans la sienne propre. Lorsque le choix des activités à partager est fait collectivement en classe l'enfant n'a plus à plonger directement dans son vécu de classe pour répondre à la demande de ses parents. En créant un espace intermédiaire entre la classe et la famille, le cahier introduit cette distance qui rend la communication avec la famille possible. Il réduit le sentiment d'intrusion qui peut survenir dans ces situations.

Depuis la rentrée de septembre 2011, à la suite de l'ordinateur, de l'appareil photo, de l’enregistreur de son, un nouvel objet numérique est arrivé dans la classe. La tablette tactile. Elle a très rapidement trouvé sa place dans la classe ainsi qu'auprès des élèves et de leurs parents en faisant office de cahier de vie de classe.


Avant tout cette tablette est  « un cahier de vie » numérique. Il est aisé de constater que ces dernières années ont vu l’émergence de nombreux sites et  blogs de classe permettant aux élèves de mettre en ligne sur internet des contenus tirés de la vie de la classe et de les partager avec leurs parents. Ces documents « numériques » accessibles uniquement en ligne permettent d' enrichir les contenus communiqués à la famille. De courtes vidéos prises en classe ou en extérieur, des chants enregistrés collectivement, mais aussi des documents utilisés en classe ( documents animaliers, scientifiques, images de danses, d'artistes à l’œuvre ...) présentent par eux-même un attrait certain pour les parents. Ils sont aussi un support de communication riche pour les élèves. Cependant les modalités de consultation de ces documents sont actuellement assez « lourdes » car elles nécessitent une machine connectée, encore souvent fixe, même si les portables se sont beaucoup généralisés.

La tablette tactile que nous utilisons ne nécessite pas d'être connectée à internet. Détachée de la machine encombrante, on peut penser que la communication peut s'installer de façon plus facile, dans une proximité plus importante. L'objet tablette suscite déjà par lui même, un intérêt certain de part sa nouveauté. De plus les élèves sont très fiers d'expliquer à leur parent le maniement de cet outil. Les élèves qui connaissent parfaitement les contenus, naviguent aisément. Ils vont chercher l'information qu'ils désirent partager avec leurs parents. Ils sont à l'initiative de cette communication. Ce point est renforcé par le fait que contrairement aux sites de classes, les élèves transportent l'objet de la classe vers à la maison. L'observation des élèves lors du départ, de la classe transportant, la pochette contenant la tablette, nous indique que ces enfants sont très fiers de conduire cet objet dans la famille. Le regard porté par leurs parents à cet instant, contribue à construire une image très valorisé de l'école.

Cette tablette semble fonctionner comme une sorte « objet transitionnel »; un « doudou inversé » qui crée "une bulle" intermédiaire entre la bulle de la classe et la bulle de la famille. Il semble créer un espace mental sécurisant dans lequel la communication avec la famille va pouvoir s'installer.

Les parents quant à eux sont unanimement satisfaits des moments passés à échanger de cette façon avec leurs enfants sur les activités de la classe. J'ai mis en place un cahier de retour d'expérience à l'usage des parents, afin de collecter leurs sentiments sur ce nouvel outils. Bien conscient qu'il faille relativiser les propos des parents; je n'ai recueilli que des témoignages positifs, les indifférents et les autres n'ayant certainement pas laissé de trace, je constate cependant que l'objet suscite beaucoup de curiosité, d'étonnement et d'intérêt
  • « A..... était très fier d'amener la tablette à la maison... à voir ses yeux pendant la présentation qu'il a faite on comprend que c'est une vrai réussite. »
  • « Nous avons passé un très bon moment de partage et de découverte à la fois de l'outil et des activités de la classe que nous n'imaginions pas aussi riches. »
  • « T... a pris plaisir à commenter les photos et nous à échanger avec lui. »
  • « Nous avons apprécié de découvrir la classe d' A... par d'autres canaux que les paroles succinctes de notre enfant. »
  • « Cela apporte une nouvelle dimension dans les relations enfants / professeur / parents. »
  • « Même si je dois admettre que j'étais un peu réfractaire à l'idée d'introduire les nouvelles technologie dés l'école maternelle, je me rends compte que cette tablette est un outil idéal pour faire partager les activités de la classe. »

Ce dernier commentaire, nous inciterait à penser que l'un des objectifs du travail avec cette tablette serait aussi de montrer aux parents combien la technologie des mondes numériques est en perpétuelle et très rapide évolution. Leurs enfants à 4 ans maitrisent des objets numériques qu'eux-mêmes ne maitrisent pas encore, ou n'ont parfois même pas encore rencontré. L'utilisation de cette tablette tout comme l' utilisation de Twitter en Grande Section, a pour objectif aussi de demander aux parents d' accompagner leurs enfants dans la découverte de ces mondes numériques. D'exercer une veille afin de tenter de faire que ne se reproduisent pas les débordements qui ont pu avoir lieu lors de l'apparition du réseau Facebook. Des enfants livrés à eux-mêmes face à un outil dont ils ne mesuraient pas les implications et les retentissements; des adultes débordés et sans réactions pensées, face à une technologie de communication dont ils n'avaient ni la maîtrise, ni les codes. A l'école il me semble important que les enseignants travaillent avec parents et enfants à clarifier et prévoir ces situations.


Échanges d'informations entre parents et enfants, outil de référence pour la classe, cette tablette témoigne aussi de la vie numérique de ces enfants. A ce titre elle est donc aussi à considérer un cahier, de « vie numérique ».
Les photos et les vidéos sont devenues en quelques temps quasiment toutes numériques. Elles sont échangées, transmises, par toutes sorte de canaux à la famille, aux amis qui les archivent, les partagent en ligne. Il me semble important et urgent de faire prendre conscience de cela à ces enfants et leurs parents . Prendre conscience qu'il faudra apprendre à construire cette nouvelle enveloppe numérique, apprendre à maîtriser ces informations qui constituent désormais une véritable identité numérique avec laquelle ces individus auront désormais à penser.

L'utilisation de ce cahier de vie numérique par rapport au cahier papier modifie la communication entre parents et enfants autour de ce qu'il se passe à l'école.
En créant une dynamique liée à la nouveauté de l'objet,
En créant un espace de communication privilégié
En instaurant une image valorisée et novatrice de l'école.
En participant à l'élaboration, par l'enfant, des prémices de son identité numérique.